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Texte de Marie Dénès et Apolline Lasbleiz : Hervé Beurel au lycée Félix Le Dantec !

L’artiste Hervé Beurel a présenté sa démarche plastique aux élèves de l’option arts plastiques et aux élèves de seconde générale. A la suite de cette rencontre, les élèves de Madame Bonnefon, en cours de français, ont rédigé un portrait de l’artiste sur le modèle du portrait journalistique.

Mardi 5 novembre 2013, nous avons rencontré l’artiste plasticien Hervé Beurel au lycée Félix Le Dantec. Il nous a présenté son travail à travers plusieurs de ses œuvres et est revenu sur son parcours et l’ensemble de sa carrière.

Hervé Beurel effectue un travail de photographie, sans pour autant avoir suivi de formation pour ce métier. En effet, il nous explique avoir davantage de connaissances en ce qui concerne la peinture et la sculpture. Après être passé par l’Ecole des Beaux Arts, il s’est d’abord intéressé au dessin. Peu à peu, il l’a mêlé à la photographie pour finalement le faire disparaitre progressivement. Cependant, ses œuvres gardent toutes un côté très graphique. A ses débuts, il tirait lui-même ses clichés. Pour cette raison, ils étaient en noir et blanc, parce qu’il n’avait pas les compétences nécessaires pour le faire en couleur. Cette solution étant économique et l’absence de couleur convenant parfaitement aux travaux réalisés, il faudra attendre 1996 pour découvrir sa première photographie en couleur.

A première vue, cette oeuvre laisse perplexe : elle est composée de 25 éléments en format paysage, chacun d’une teinte différente, ne laissant pas d’indices repérables nous permettant de comprendre ce que l’artiste a voulu nous montrer. Ce sont en fait des échantillons de carrosserie de voiture. Selon Hervé Beurel, « photographier, c’est regarder une seconde fois ». Il est vrai qu’en observant son travail, nous remarquons des détails qui passent inaperçus lorsque l’on regarde une voiture dans la rue, comme les reflets, les rayures, la saleté, les gouttes d’eau …

Il dit encore que « faire de la photo, c’est photographier la réalité que l’on côtoie ». Pour cela, il tient à travailler sur des sujets ordinaires, comme des panneaux de signalisation, des échantillons de tissus ou encore l’architecture de l’après-guerre. Ce dernier thème l’amène à voyager, principalement en France, un peu en Allemagne et en Pologne. Il extrait des éléments du paysage, des mosaïques ou des reliefs d’artistes anonymes par exemple, tout en laissant un certain nombre de détails permettant d’imaginer le contexte. C’est notamment cet intérêt pour l’architecture qui l’a poussé à se lancer dans la photographie, cette dernière répondant mieux à ses attentes. Sa préférence pour les édifices de l’après-guerre peut paraître étonnante au premier abord, car ce n’est pas vraiment ce qu’il y a de plus touristique. En revanche, c’est peut être la plus originale. Au gré de ses errances dans les rues de diverses villes, notre photographe de l’ordinaire repère ce qui relève du décor mural et cadre sur un détail de façon à perturber la vision, ce qui donne des œuvres telle que Tableau n°2, de la série Collection publique, qui peut très bien passer pour une peinture impressionniste.

Tableau n°2, Rennes, série Collection publique, 2004, coll. Frac Bretagne, Rennes.
Tableau n°2, Rennes, série Collection publique, 2004, coll. Frac Bretagne, Rennes.

Les aspects frontaux, clairs, objectifs, descriptifs et banals de ses travaux proviennent d’une tradition photographique allemande. Les protagonistes de cette tradition sont les Becher. Ce couple a commencé à photographier des bâtiments industriels dans les années 50. Leurs clichés ont tous les mêmes particularités : même lumière, même format, même technique et même cadrage.

Bernd et Hilla Becher,Tipology watertowers, 1972, 9 photographies de 40 x30 cm chacune
Bernd et Hilla Becher,Tipology watertowers, 1972, 9 photographies de 40 x30 cm chacune

Avant d’exposer ses œuvres, Hervé Beurel doit se poser de nombreuses questions, à propos par exemple de la mise en place de la photographie, de la dynamique avec le lieu, du format … La plupart du temps, Hervé Beurel opte pour un grand format et une forme très simple de présentation dans les musées, sous forme de tableaux, de panneaux. Cette année, il expose à Rennes, à Bordeaux et en Croatie.

L’été 2009, il a publié un livre à la mise en page plutôt inhabituelle : Lannion. Avec son œil de photographe, il nous présente les façades géométriques du quartier des Fontaines à travers un dépliant touristique. A moins que ça ne soit une plaquette d’urbaniste ? Dur à dire …Ce qui est certain, c’est que malgré sa taille modeste, cet ouvrage est très riche, illustrant le modernisme et l’utopisme des villes nouvelles.

Lannion, 2009, ouvrage tiré à 500 exemplaires
Lannion, 2009, ouvrage tiré à 500 exemplaires